Une motion impulsée par le CRVI a fait de Verviers une « Ville contre le racisme et pour l’égalité »
Le décès de l’américain George Floyd, provoqué par un policier lors de son arrestation, a provoqué dans le monde une volée de réactions allant dans le sens d’une dénonciation des violences structurelles de notre société. C’est dans ce contexte sensible qu’une motion impulsée par le CRVI (Centre Régional Verviétois d’Intégration), passée un peu inaperçue au milieu des mesures de déconfinement du coronavirus, a été votée par le conseil communal de Verviers le 29 juin dernier. Son principe : proclamer la cité « Ville contre le racisme et pour l’égalité » et initier une politique ambitieuse de lutte contre les inégalités.
À l’origine de cette nouvelle étiquette accolée à la ville de Verviers, il y a la coalition NAPAR (pour National Action Plan Against Racism) qui regroupe une soixantaine de partenaires institutionnels soucieux de proposer des recommandations antiracistes concrètes aux niveaux de pouvoir politique fédéral, régional et local afin qu’ils transforment celles-ci en mesures pour éradiquer, ou à tout le moins combattre, le racisme systémique et les violences policières qui en découlent.
S’inscrivant dans une lutte contre un racisme dénoncé comme un délit, la motion verviétoise prend place, par ailleurs, dans un parcours d’engagement de la Ville, jalonné de moments-clés allant en ce sens. S’y sont ainsi notamment succédés chronologiquement la charte « Verviers contre le racisme » votée en 2005, la motion « Commune hospitalière » votée en 2018 et la motion de régularisation des sans-papiers adoptée en 2020.
Agir, lutter et sensibiliser
Quelle est l’avancée contenue dans la nouvelle motion qui vient d’être approuvée ? Le contenu du texte voté énonce trois axes de travail à mener conjointement. Le premier de ces axes consiste à poursuivre une politique à la fois de promotion de l’égalité et de lutte contre le racisme et les discriminations. Ce volet de la motion se décline en sept objectifs concrets. Il y a d’abord la mise en place d’un comité local de lutte contre le racisme intégrant associations, citoyens volontaires et échevinats concernés. Il y a ensuite l’organisation d’assises de l’inclusion, ainsi que l’intégration dans le programme européen des Cités Interculturelles et dans le réseau européen des villes contre le racisme de l’UNESCO. S’y ajoutent la mise en place d’un suivi proactif des engagements liés à la motion, d’une page d’information sur la diversité verviétoise sur le site Internet de la Ville et un suivi de toutes les actions reprises dans la motion en les intégrant dans le Plan Stratégique Transversal (PST) de la Ville.
Le deuxième axe de travail est celui de la lutte contre toutes les formes de racisme et de discrimination sur le territoire de la commune. Cet objectif prend sept formes concrètes. S’y conjuguent : soutenir et sensibiliser à la communication interculturelle le personnel communal en contact avec le public, favoriser une politique communale d’embauche plus inclusive dans le but d’avoir dans l’administration une diversité plus proche de celle de la population, réfléchir sur le faible taux d’embauche de personnes d’origine étrangère dans les institutions communales et para-communales, promouvoir l’accès au dépôt de signalements et de plaintes, désigner un agent communal coordonnant les initiatives en la matière, aider et stimuler les entreprises à élaborer des politiques de prévention des discriminations et, enfin, mener une étude avec le Forem pour lutter contre les discriminations intersectionnelles.
Une série d’engagements
Le troisième et dernier axe du texte de la motion concerne la sensibilisation de la population et des services publics à la lutte contre le racisme et les discriminations, en collaboration avec le secteur associatif local. Il s’agit, dans ce domaine, d’associer six démarches concrètes : mettre en place ou soutenir l’organisation de rencontres interculturelles à destination de tous les résidents de la commune, sensibiliser les propriétaires de biens immobiliers au respect de la législation en matière de discrimination, permettre aux fonctionnaires de se former en droit administratif des étrangers et en lutte contre les discriminations, promouvoir la formation des enseignants à la communication interculturelle et à la gestion de la diversité, mettre en place une sensibilisation à l’histoire des migrations et du colonialisme belge dans les écoles dont la commune est le pouvoir organisateur, et, pour finir, continuer à ouvrir le programme des organismes culturels à la diversité.
Ces trois axes de travail contenus dans la motion sont accompagnés d’une série d’engagements sans équivoque de la Ville. Le premier, plus général, est de refuser tout repli sur soi qui ferait de chaque citoyen l’objet de rejet, discrimination ou racisme. Le deuxième est d’exiger de chaque élu un comportement exemplaire en la matière, que ce soit dans les décisions politiques ou dans les communications publiques. Le troisième est de mettre en œuvre cette motion transversalement au niveau communal, avec un premier bilan après un an. Et la quatrième est de coordonner la mise en pratique de toutes ces mesures concrètes, tout en créant un dispositif d’évaluation concerté, via notamment l’organisation d’au moins quatre rencontres annuelles avec des associations, citoyens et organismes luttant contre le racisme.
Dominique Watrin
Le texte complet de la motion peut être consulté sur la page correspondante du site du CRVI : https://crvi.be/wp-content/uploads/2020/07/Motion_Ville-contre_le_racisme-et_pour_l_egalite.pdf