L’édition 2022 des CAIstiques vient de sortir : un nombre record de demandes de protection internationale
Pour la quatrième année consécutive, les CAIstiques débarquent à la rentrée. Cette publication d’une petite quarantaine de pages constitue un condensé de chiffres et informations sur les publics cibles du CAI (Centre d’Action Interculturelle de Namur), à savoir les personnes étrangères et les acteurs qui les accueillent, les accompagnent et les forment. Bâtie essentiellement sur les données de l’année clôturée, à savoir 2022, cette publication, intitulée précisément « Personnes étrangères et acteurs de l’intégration en province de Namur – Les chiffres du CAI 2022 », s’inscrit chronologiquement, cette année, dans la foulée de la double actualité des années précédentes, à savoir la crise ukrainienne et la sortie de la période de covid.
Le dossier conçu et rédigé par l’équipe du CAI se présente comme une série de fiches apportant un éclairage sur des questions telles que l’intégration, l’asile (la protection internationale) et les migrants en transit. Ces fiches peuvent être lues en continu ou consultées isolément comme autant de dossiers pouvant illustrer une formation, la rédaction d’un article, d’un cours ou d’un contenu de réunion. Outre le glossaire de circonstance, la liste de liens utiles qui clôture le dossier reprend une série d’organismes et documents nationaux et internationaux permettant d’aller plus loin dans l’approfondissement des thématiques évoquées.
Le contenu du document se subdivise en six parties, toutes analysées en évoluant du général au particulier. Ainsi, la première aborde les personnes étrangères successivement en Belgique, puis en province de Namur, pour se terminer par celles accompagnées par le CAI. La deuxième partie évoque le parcours d’intégration et l’accompagnement du CAI. La troisième partie évoque la question tournant autour de l’accueil des personnes venant d’Ukraine. La quatrième partie se penche sur les acteurs de l’intégration et de l’interculturalité. La cinquième partie analyse l’accueil des demandeurs de protection internationale et la sixième partie s’attarde sur les migrants en transit et les initiatives citoyennes.
Près de 30 000 personnes étrangères en province de Namur en 2022
Concernant les personnes étrangères, les chiffres portant sur la Belgique (qui sont ceux de 2020, données fédérales disponibles obligent) font état de 38106 titres de séjour délivrés sur l’ensemble du territoire, un nombre en constante régression depuis 2016. Les motifs de demande des titres de séjour sont, pour près de la moitié des personnes, des raisons liées à la famille (45%), suivie par les raisons liées à l’éducation (15%), les statuts de réfugié et de protection internationale (11%), les raisons liées à des activités rémunérées (11% également), les raisons liées à la famille (6%), les 12% restant se regroupant sous l’étiquette de « autres raisons ».
Au 1er janvier 2023, la province de Namur comptait 29295 personnes étrangères, soit 5,83% de sa population. À titre indicatif, la Wallonie comptait, elle, 10,88% de personnes étrangères, soit approximativement près du double. Le nombre de personnes d’origine étrangère en Wallonie représente 24,40% (environ un quart) de la population totale de la région, ce pourcentage descendant à 16,33 (une personne sur six) pour la province de Namur, tandis que 77,83% de la population y est belge d’origine belge. Les cinq nationalités étrangères les plus représentées dans la province sont dans l’ordre les Français, les Italiens, les Ukrainiens, les Roumains et les Espagnols. Les cinq principales nationalités hors Union européenne sont les Ukrainiens déjà cités, suivis par les Marocains, les Camerounais, les Congolais et les personnes de la catégorie « autres », à savoir les apatrides et les personnes d’origine indéterminée.
Au niveau du CAI, 1568 personnes ont été accompagnées en 2022. Les cinq principaux pays d’origine de ces individus sont, dans l’ordre, l’Ukraine, le Maroc, la Syrie, la Palestine et le Cameroun. Si la majorité des demandes de ces individus étaient hors obligation (578), le reste concernait des Ukrainiens sous protection temporaire (389), des primo-arrivants (292), des demandes en matière d’insertion socioprofessionnelle (212) et d’accompagnement social (97). En 2022 toujours, 1259 personnes ont été accompagnés par le CAI dans le cadre du parcours d’intégration (avec ou sans obligation). 578 (46%) d’entre elles y étaient hors obligation, tandis que 389 (31%) étaient des Ukrainiens sous protection temporaire et 292 (23%) étaient des primo-arrivants.
Plus de 1500 réfugiés ukrainiens accueillis dans la province en 2022
La question de l’Ukraine traitée dans la troisième partie de la plaquette atteste que l’année 2022 a été une année record en termes de demandes de protection internationale. Entre mars et décembre 2022, ce sont 63356 personnes fuyant le conflit ukrainien qui ont reçu la protection temporaire en Belgique. Parmi celles-ci 10590 ont été accueillies en Wallonie, dont 1570 en province de Namur. Sur ces 1570 personnes 578 étaient mineures, 905 âgées de 18 à 65 ans et 87 âgées de plus de 65 ans. Un tiers (65%) d’entre elles étaient des femmes. Leur répartition concernait en priorité les bureaux d’accueil de Namur (591), de Ciney (202), de Dinant (199) et de Philippeville (182). 386 d’entre elles, soit près d’un quart (dont 79% d’hommes) ont été accompagnées par le CAI et 186 ont signé la convention du parcours d’intégration.
Au niveau des acteurs de l’intégration et de la dynamique dont ils sont la plaque tournante, l’année 2022 a, une fois de plus, été particulièrement active en province de Namur. Sur le territoire de celle-ci, 15 opérateurs subventionnés ILI (Initiatives Locales d’Intégration) sont opérationnels en formation à la citoyenneté, dont 5 sont agréés par la Région wallonne. Deux types de formation à la citoyenneté ont été organisées durant l’année avec, d’une part, 77 modules de formation à l’intégration citoyenne (FIC) suivis par 882 personnes (dont 234 orientées par le CAI) et, d’autre part, 8 modules de formation, appelés ateliers d’orientation citoyenne (AOC), qui ont réuni 87 personnes (dont 56 orientées par le CAI). Parmi celles-ci, des formations ont été mises sur pied dans les Centres d’accueil : 34 modules en Centre Croix-Rouge (soit 467 personnes sur l’ensemble des centres de la province) et 15 modules en Centre Fedasil (soit 192 personnes à Florennes et Pondrôme).
En ce qui concerne le travail des acteurs de la formation à la langue française, en 2022, 270 personnes ont réalisé un test de validation ELAO (permettant d’évaluer leurs compétences linguistiques de base) et 298 personnes ont signé l’axe apprentissage du français dans le cadre de leur parcours d’intégration. Globalement, ce sont 42 opérateurs subventionnés et agréés ILI qui sont actifs en province de Namur.
Une capacité de 3489 places d’accueil
Au niveau du nombre des demandes de protection internationale en Belgique, avec 36871 demandes, 2022 figure parmi les années records. Elle prend place avec 2000 (42691) et 1999 (35778), les années de pic qui faisaient suite aux événements en ex-Yougoslavie, et 2015 (35 476) qui découlait du conflit en Syrie. Durant cette année, 43% des demandeurs de protection internationale ont obtenu une protection de l’État belge. La plupart de ces personnes provenait d’Afghanistan, de Syrie, de Palestine, du Burundi et d’Érythrée.
La capacité d’accueil en province de Namur est de 3489 places, se subdivisant entre 3275 places en structures collectives (centres) et 214 places en structures individuelles (ILA), ce qui correspond à 11% de la capacité du réseau. En 2022, les places en Centre d’accueil Croix-Rouge se répartissaient entre les centres de Jambes (652), Yvoir Bocq (327), Natoye (292), Belgrade (270), Yvoir Pierre Bleue (260) et Oignies (186). Le nombre de places en centre d’accueil Fedasil s’élevait, pour sa part, à respectivement 580 pour Florennes, 286 pour Sugny, 222 pour Couvin et 200 pour Pondrôme.
Dominique Watrin
Les chiffres du CAI 2022 sont disponibles via le lien suivant :