Le rapport régional 2021 d’Unia le confirme en chiffres : les discriminations liées aux critères raciaux restent très présentes en Wallonie
Les rapports annuels d’Unia (le service public fédéral indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l’égalité des chances) sont toujours fort attendus, tant leur contenu est un condensé d’informations éclairantes sur l’état d’avancement de la lutte contre les discriminations. La troisième édition annuelle, portant sur 2021, de sa version régionale consacrée à « La lutte contre les discriminations en Wallonie » ne fait pas exception à la règle. Fortement empreint de l’emprise de la pandémie de Covid, ce condensé de l’action du service local francophone d’Unia a, comme de coutume, réservé sa part de conclusions portant sur le volet des critères dits « raciaux ».
Pour rappel, les six missions du service local francophone d’Unia sont les suivantes : assurer le plaidoyer de l’organisme (auprès des autorités locales, des administrations, etc.), soutenir individuellement les personnes victimes de discrimination, informer, sensibiliser et former les professionnels, accompagner des projets de prévention de la discrimination ou de promotion de la diversité et de l’égalité, formuler des avis et des recommandations, ainsi que contribuer à l’action locale via la participation aux plateformes et commissions consultatives communales. Les points de contact locaux wallons du service s’organisent par province et en quatre zones : le Hainaut, le Brabant wallon, Namur-Luxembourg et enfin Liège (avec Verviers et Huy-Waremme). Unia dispose de quatre bureaux mis à sa disposition par La Wallonie dans trois provinces, à savoir à Mons, Charleroi, Namur et Liège.
Les critères « raciaux » en deuxième position
En 2021, Unia a reçu 10.610 signalements et a traité 2.379 dossiers pour toute la Belgique. Une proportion de 23,6% de ces dossiers provenaient de Wallonie. Dans les faits, Unia a reçu 1277 signalements (prises de contact) en provenance de la Région wallonne en 2021. Sans surprise, comme l’an dernier, le Hainaut (409), suivi de la Province de Liège (357) ont enregistré le plus grand nombre de signalements. Viennent ensuite la Province de Namur (173), le Brabant wallon (147) et la Province de Luxembourg (44). Alors qu’une diminution avait été observée en 2020 en raison des différentes périodes de confinement, une augmentation a été enregistrée en 2021, malgré la poursuite relative du confinement.
Une large majorité des signalements reçus concernaient quatre domaines, identiques à ceux de l’année précédente, à savoir les biens et services (services publics, logement, transports, commerces, banques, assurances, soins de santé, etc.) avec 35%, l’emploi avec 20%, l’enseignement avec 14% et la vie en société avec 13%. Il n’y a pas de différences significatives entre provinces wallonnes ; en revanche, par rapport aux données nationales, l’emploi et surtout l’enseignement y sont beaucoup plus représentés. Une tendance qui se confirme dans l’évolution, puisque l’emploi qui avait connu une forte diminution en 2020 reste relativement stable, tandis que l’enseignement connaît une légère augmentation.
De leur côté, les motifs de discrimination les plus évoqués restent, dans l’ordre, le handicap, les critères dits « raciaux » (prétendue race, couleur de peau, nationalité, ascendance et origine nationale ou ethnique) et l’état de santé qui remplace le critère de la fortune. Il est à noter qu’en 2021, Unia a reçu plus de signalements pour lesquels il était incompétent (22% pour 16% précédemment), réorientant les requérants vers les organismes compétents.
Près d’un quart des dossiers ouverts en Wallonie
Dans la continuité, sur les 1277 signalements reçus par Unia en Wallonie, 562 ont donné lieu à l’ouverture d’un dossier, soit 23,6% de la totalité des dossiers ouverts en Belgique. Il s’agit d’une légère croissance par rapport à 2020 (529 dossiers) et 2019 (561). Leur répartition est identique à celle observée pour les signalements, avec des premières places occupées par le Hainaut (209, soit 37%) et la Province de Liège (172, soit 31%), loin devant la Province de Namur (81, soit 14%), le Brabant wallon (69, soit 12%) et la Province de Luxembourg (15, soit 3%). Les trois domaines les plus concernés sont là aussi les biens et services (38%), l’emploi (17%) et l’enseignement (17% également). Quant aux principaux critères concernés, il s’agit du handicap (164), des critères dits « raciaux » (160), soit 26% chacun, et de la fortune (101), soit 16%. Il s’agit d’une variation par rapport aux chiffres nationaux dans lesquels l’ordre s’inverse avec les critères « raciaux » qui précèdent le handicap, puis l’état de santé.
Au sein des biens et des services, c’est le domaine du logement qui a été le plus visé par les dossiers wallons en 2021, à savoir 125 dossiers sur 216 (58%). Et, parmi les critères, ceux dits « raciaux » (16%) sont arrivés en deuxième position derrière la fortune (61%), mais devant le handicap (8%). A contrario, dans le domaine du commerce, le classement établi répertorie le handicap (57%), largement devant l’état de santé (26%) et les critères « raciaux » (9%).
Les statistiques sont différentes en matière d’emploi avec le handicap (34%) qui précède l’état de santé (23%) et les critères « raciaux » (21%). Enfin, au niveau de l’enseignement, troisième domaine le plus concerné par les discriminations en Wallonie en 2021, les domaines dans lesquels le plus de dossiers ont été ouverts sont le handicap (45%), les critères « raciaux » (20%) et la conviction religieuse ou philosophique (13%). Selon Unia, ces deux derniers domaines sont l’objet de contacts qui illustrent des relations difficiles entre élèves ou avec l’école (direction et professeurs).
Une sensibilisation de certains publics cibles
De son côté, le service local d’Unia a continué à sensibiliser certains publics cibles dans toutes les matières concernées. En 2021, il a prodigué 103 heures d’information et de sensibilisation en Wallonie, à l’adresse de pas moins de 1226 personnes. Ces interventions ont été réalisées majoritairement auprès de hautes écoles et universités wallonnes (46%), mais aussi, dans une moindre mesure, auprès d’autres acteurs parmi lesquels des partenaires de la société civile et des associations (24%) et le pouvoir public wallon (20%). L’essentiel des sensibilisations a concerné le cadre législatif anti-discrimination (68%), les interventions ciblant les thèmes de la diversité et du racisme ne représentant que 6% des séances.
Dominique Watrin
Le rapport annuel 2021 d’Unia pour la Wallonie peut être consulté et téléchargé via le lien suivant : https://www.unia.be/files/Documenten/Publicaties_docs/rapport_annuel_RW_2021_version-print.pdf