Le CAI à l’initiative d’un projet d’éducation par les pairs qui plonge les jeunes dans la réalité de l’interculturalité
Ouvrir à l’interculturalité est un combat de tous les instants et, sans surprise, il est primordial qu’il démarre tôt dans l’existence. C’est en se basant sur ce principe que le CAI (Centre d’Action Interculturelle de Namur) a initié un projet baptisé « Devenez ambassadeur.drice interculturel.le » Aujourd’hui, au terme de trois journées organisées à Namur, le centre régional namurois sort un rapport d’intervision intitulé « Mener des projets interculturels avec des jeunes », une publication qu’il a réalisée en collaboration avec son partenaire de projet, l’Organisation européenne de formation par les pairs (l’EPTO).
Les trois journées mises sur pied par les deux partenaires s’inscrivaient dans un quadruple objectif : encourager le partage d’expériences et le réseautage autour des projets interculturels, mettre en lien formation par les pairs et projets interculturels, identifier les bonnes pratiques et les principaux obstacles, et enfin, développer des stratégies pour contrer ces obstacles. La publication de 32 pages qui en résulte conjugue quelques apports conceptuels avec « les réflexions, les points d’attention ainsi que les perspectives de solution amenées par les participant.e.s au départ de leur expérience de terrain respective ». Le document se veut non exhaustif, proposant plutôt un aperçu de « ce qui peut se jouer dans la mise en œuvre de projets avec un public jeune et, plus particulièrement, dans les projets interculturels ». En mettant le focus sur l’expérimentation du dispositif particulier de la formation par les pairs…
Un processus d’apprentissage non formel
« Devenez ambassadeur.drice interculturel.le » est un projet que le CAI a donc initié avec l’EPTO, un organisme qui fournit « un espace où les jeunes peuvent être apprenant.e.s et enseignant.e.s, en partageant leurs compétences avec leurs pairs dans un esprit collaboratif ». L’idée qui guide ce dernier partenaire est de « créer les conditions pour qu’une éducation par les pairs ait lieu entre les jeunes à travers la formation, le mentoring et le coaching, créant ainsi un effet boule de neige ». La publication qui voit le jour aujourd’hui est l’aboutissement d’une formation menée de concert, dès 2019, par les deux partenaires, partiellement retardée par la crise sanitaire et clôturée cette année par trois journées d’intervision avec les animatrices/teurs ayant participé au projet. Elle est destinée aux professionnel.le.s du secteur jeunesse qui souhaitent mettre en place des projets interculturels.
Mais qu’est-ce que véritablement l’éducation par les pairs ? L’idée s’appuie sur le fait que, tout au long de notre vie, nous apprenons beaucoup de choses sur les autres et sur nous-mêmes grâce à nos pairs. De manière plus conceptuelle, il s’agit, dans ce cas précis, d’un « processus d’apprentissage non formel qui donne de l’autonomie, de la confiance et de l’indépendance aux jeunes, quelle que soit leur histoire personnelle ». Cette éducation par les pairs a lieu « lorsque des jeunes réalisent des activités informelles ou organisées avec leurs pairs, pendant un certain temps, afin de développer leurs connaissances, leurs convictions et leur manière d’être ». Elle permet aux jeunes de traiter efficacement les problèmes qui les touchent. Le succès des initiatives d’éducation par les pairs se situe essentiellement dans la capacité à considérer véritablement les jeunes comme des partenaires égaux. Avec le postulat sous-jacent qu’un message délivré par des jeunes à leurs pairs est souvent plus crédible et plus efficace que lorsqu’il est délivré par des figures d’autorité.
Respect de l’autre et valorisation de la diversité
Dans le cadre de son projet, le CAI a invité l’EPTO à appliquer ce principe de l’éducation par les pairs au domaine de l’interculturalité. Plusieurs formations ont été organisées à l’intention des acteurs.trices du secteur de la jeunesse et de l’interculturalité qui ont, par la suite, mis en place des ateliers de sensibilisation avec des jeunes participant.e.s. Cette formation « Diversité et anti-discrimination », venue des États-Unis et adaptée au contexte européen depuis 25 ans par l’EPTO, applique « une démarche pédagogique qui permet d’aborder des thématiques sensibles dans un cadre sécurisant et d’analyser la complexité de la relation interculturelle, en dégageant des pistes d’action de terrain pour appréhender la diversité ».
Concrètement, les participant.e.s se voient proposer des activités cultivant le respect de l’autre et la valorisation de la diversité culturelle. Pour ce faire, l’EPTO recourt à l’apprentissage par l’expérience er à l’éducation non formelle, en incluant des activités interactives, des mises en situation, des jeux de rôles, des discussions en petits et en grands groupes, etc. Les objectifs d’apprentissage pour les participant.e.s sont les suivants : prendre conscience de leur identité personnelle et culturelle, reconnaître leurs propres préjugés et stéréotypes, reconnaître et combattre toutes les formes de préjugés et de discriminations, développer l’empathie, la pensée critique et les compétences de communication, et enfin, développer des compétences et des stratégies pour créer des environnements inclusifs. La formation par les pairs est donc aussi une forme d’action politique qui facilite la participation des jeunes dans la société. Grâce à elle, ceux/celles-ci expérimentent des microcosmes interculturels, apprennent à articuler leurs valeurs et leurs préoccupations, acquièrent des compétences précieuses et peuvent être motivé.e.s à s’engager politiquement ou socialement.
Les constats d’une expérience
Le rapport d’intervision du CAI, sous-titré « Promotion de la citoyenneté et de l’interculturalité », inclut une série de remarques et conseils. On y retrouve d’abord « Quelques points de vigilance pour améliorer le travail interculturel avec les jeunes ». Ensuite, c’est la question « Que retirer de l’expérience de terrain ? » qui est abordée, avec « Quelques difficultés rencontrées » et « Quelques conseils pour augmenter la qualité des projets ». Suit la thématique de « Mener des projets interculturels », avec des coups de projecteur sur « Quelques difficultés rencontrées par les animatrices » et « Quelques conseils pour dépasser les difficultés ». « Encourager l’engagement et la participation » est évoqué, avec également un focus sur « Quelques difficultés rencontrées par les animatrices », auquel s’ajoutent des idées pour « Stimuler l’engagement et la participation chez les jeunes ». Enfin, le document se clôture par quelques conseils portant sur « Les outils et les méthodes à privilégier ». Au final, il s’agit donc à la fois du bilan d’une expérience et d’un guide qui peut encadrer d’autres initiatives similaires qui ne manqueront pas de fleurir en Wallonie et ailleurs.
Dominique Watrin
La brochure Mener des projets interculturels avec des jeunes peut être téléchargée via le lien suivant : https://cainamur.be/mener-des-projets-interculturels-avec-des-jeunes/