La formule « à distance » au secours des activités des centres régionaux d’intégration comme le CAI
Comme la plupart des autres organismes de leur secteur, mais aussi des entreprises et des services publics, les centres régionaux d’intégration de La Wallonie ont vu leur quotidien chamboulé par la crise du coronavirus survenue mi-mars. Cette crise sanitaire subite et inédite les a contraints à adapter leurs activités et leurs méthodes de travail à de nouvelles contraintes dont la plus spectaculaire a été la fermeture de leurs bureaux et la mise de leur personnel en télétravail. À l’instar de ses confrères, le CAI (Centre d’Action Interculturelle de Namur) s’est retrouvé d’un coup coupé d’un grande partie de son public et amputé d’une portion importante de son planning d’activités.
Passé le temps de stupéfaction et de réorganisation consécutif aux différentes annonces et mesures gouvernementales, les centres régionaux d’intégration ont tenté, lorsque c’était possible, de mettre en place diverses formules permettant de faire la passerelle entre leur public de bénéficiaires dont ils étaient coupés et eux-mêmes. Faute d’une palette de solutions, ces adaptations ont pris la forme d’une option de remplacer l’activité initialement prévue par une déclinaison équivalente, mais à distance. De quoi ne pas laisser le public de ces CRI en rade en pleine période difficile pour tous, mais encore davantage pour les publics fragilisés comme celui des migrants.
Des tables de conversation à distance
Le Centre d’Action Interculturelle de Namur, mais il n’est pas le seul, a donc intégré la norme du confinement dans ses paramètres de travail pour tenter d’encadrer au maximum les personnes qui constituent son public cible. La première des initiatives remodelées est celle des tables de conversation en français devenues « tables de conversation à distance en français ». La recette est simple : passer d’une version classique à une version virtuelle. L’idée maîtresse de ce projet est de permettre à des adultes migrants non-francophones de s’exprimer en français, tout en leur permettant de rompre leur isolement. Cette activité s’organise en partenariat avec des interlocuteurs francophones volontaires pour qui cette initiative est également l’occasion de rompre une forme d’isolement et de solitude décuplée par le confinement. Sa version virtuelle constitue aussi une alternative pour pallier l’annulation des formations engendrée par la crise du coronavirus.
Concrètement, cette formule de table de conversation virtuelle fonctionne sur base d’un rendez-vous fixé entre deux personnes. Une fois ce rendez-vous pris, une conversation de trente minutes a lieu à l’heure dite, via le système vidéo Whatsapp. Les axes d’attention conseillés aux locuteurs apprenants s’appuie sur un cadre de travail précis. D’abord, choisir une thématique en commun accord avec la personne bénéficiaire et en parler pendant une quinzaine de minutes. Ensuite, veiller à laisser la personne s’exprimer un maximum en retenant ses difficultés récurrentes et, après le quart d’heure d’échange, expliquer de la manière la plus simple ce qui a posé problème, en veillant à donner des pistes pour fluidifier la capacité d’échange, pas à corriger chaque erreur. La fin de la séance est occupée par la fixation d’un nouveau rendez-vous, si les deux interlocuteurs le souhaitent bien entendu.
L’importance des technologies numériques
Le scénario de la formule à distance a également été retenu par le CAI pour son projet Net2Work-Asile. Il s’agit d’un dispositif de mentorat en entreprise mettant en lien un demandeur d’asile (appelé le Mentee ») et un travailleur expérimenté volontaire (dénommé le « Mentor ») dont le rôle est d’accompagner le Mentee dans sa réflexion professionnelle. L’objectif de ce travail basé sur l’échange et la collaboration est que le Mentee découvre le monde du travail tel qu’il fonctionne en Belgique, mais aussi de travailler sur ses codes culturels, de le préparer à l’intégration, de lui ouvrir un réseau, de lui créer du lien social, etc. Pour surmonter sans dommage la période de confinement, ce volet des activités du CAI s’est lui aussi ouvert à une méthodologie 2.0, avec la mise en connexion de duos à distance, constitués en sus d’une formation à distance.
Au-delà de ces deux expériences spécifiques proprement dites, l’adaptation du centre régional d’intégration de Namur et de ses confrères démontre à quel point les réponses à la crise du covid-19 se base à la fois sur l’action volontaire des citoyens, sur la mise en lien orchestrée par les organismes compétents et sur l’appel aux technologies numériques, anciennes ou nouvelles, qui facilitent la mise en œuvre et la poursuite du travail social mené avec un public, qu’il soit migrant ou autre. Autant de réponses adéquates qui mettent, par la même occasion, en lumière la nécessité d’apporter un encadrement structuré de longue durée à ces populations.
Dominique Watrin
Plus d’informations via le site Internet du Centre d’Action Interculturelle de Namur : www.cainamur.be et plus précisément https://www.cainamur.be/agenda/953-tables-de-conversation-a-distance-en-francais-covid-19.html et https://www.cainamur.be/coordination/mentorat/net2work-asile.html